Légalisation du Greenwashing avec l’exemple du label OK Compost HOME : petits arrangements entre lobbyistes et gouvernements.
C’est un peu plus technique et pour cause ils aimeraient qu’on s’y perde pour mieux pouvoir magouiller alors accrochez vous ! Délation de l’Europe du Greenwashing !
Sur les produits en bioplastique, on peut désormais retrouver des labels qui certifient leur biodégradation en Compost à la maison, comme OK Compost Home.
Malheureusement, il s’agit bien encore une fois de Green Washing .
Voyons pourquoi.
D’après le lobby : “club des bioplastiques”:
Le label OK compost Home permet d’identifier les bioplastiques compostables dans des conditions de compostage à la maison. Les matières qui se décomposent dans les installations de compostage industrielles où il règne une température constante d’environ 60°C ne se décomposent pas forcément dans le compost maison. Pourtant ce label est certifié lors de tests de compostage avec des paramètres industriels dont une température constante de 60°C.
ATTENTION, à 3 min 22, nous parlons d’une température de 58°C. Hors la France est le seul pays qui s’est doté d’une norme pour le compost maison : NF T51 800. Cette norme précise que la température doit être entre 25 et 30°C et que la durée de biodégradation est d’un an. Le label OK Compost HOME est à l’origine de cette norme. Il s’agit d’une erreur de notre part. Nous reviendrons sur ces détails, non sans importances, dans une nouvelle vidéo qui s’intitulera « Arnaques, crimes et Greenwashing, part 2 ». Nous présentons nos excuses pour avoir transmis une information erronée qui a pu porter préjudice à une partie de l’industrie (en particulier à TUV Austria et au Club Bioplastiques, mentionnés dans la vidéo).
Nos maisons ne sont pas des usines !
Certifier son emballage c’est payer des entreprises privées comme TüV-REINHLAND ou AIB-Vinçotte. Pour vous prouver qu’il s’agit bien de greenwahsing, nous allons étudier la certification ensemble.
Comment vérifier la validité du label OK Compost Home ?
Tout d’abord, Il faut aller farfouiller dans la norme européenne sur les emballages EN 13432, vérifier chacun des standards utilisés pour preuve scientifique et regarder leurs paramètres.
Préparez-vous à allonger les billets.
L’Organisme des normes françaises (afnor) vend la norme EN 13432 à 200€.
Le citoyen engagé n’a pas du tout accès aux normes européennes gratuitement… Mais comme il s’agit d’une norme harmonisée, c’est donc la même pour tous les pays de l’union européenne. Si l’on est à l’aise en anglais on peut donc la retrouver à partir de 5€ en Lituanie.
La norme c’est 5 tests:
- un de biofragmentation
- un de biodégradation
- Un d’éco toxicité
- un sur la qualité du Compost
Nous avons expliqué la différence entre biodégradation et biofragmentation dans la vidéo/le poste précédent sur les bioplastiques.
Un test est basé sur un ou des standards internationaux (ISO) qui sont en vente à 60€ chacun.
Décidément quand on veut accéder au savoir, il faut allonger les billets.
Heureusement, le gouvernement Indien met gratuitement à la disposition de ses concitoyens les standards internationaux en vigueur dans le pays sur le site QuestIn.org
Commençons donc par regarder les tests sur la biofragmentation et la biodégradation de plus près et vérifions ensemble leurs conditions.
Pour être certifié Ok Compost Home, il faut qu’au bout de 3 mois de bio fragmentation,
il ne reste plus qu’un dixième des bouts de plastique de plus de 2 mm de long par rapport à l’emballage d’origine.
De 2000 à 2005, la norme comportait une erreur de signe !
Un emballage avec neuf dixième de gros bouts de plastique restant après 3 mois, pouvait donc être labellisé OK Compost Home.
Quoi ??? Mais c’est la norme officielle pour 34 pays !
& Tant pis pour ce qui a déjà été labellisé.
Reprenons, dans la norme il est écrit qu’il faut un Compost de haut niveau, sans plus de précision apporté sur la signification de “haut niveau”.
Mais, ça veut dire quoi ça « haut niveau » ?!
De plus, le déchet peut être broyé, c’est à dire fragmenté en petits morceaux tant que le ratio masse/surface est conservé.
Mais si le plastique est déjà broyé, à quoi sert le test ?
Dans tous les cas le test de bio fragmentation n’est pas associé à un standard international obligatoire. Chacun est libre de tester comme il l’entend…
Les laboratoires de test utilisent souvent ISO 20200 pour la mesure du degré de fragmentation.
L’emballage est alors découpé pour n’être plus qu’un carré de 2,5cm de côté. Le Compost est rigoureusement retourné, arrosé et chauffé de manière constante à 58°C sur 2 à 4 semaines.
ça c’est du Compost de haut niveau ! Rien à voir avec chez nous!
C’est un peu comme si dans la norme européenne, Compost de haut niveau signifiait en fin de compte Compost industriel à température constante…
Bref, passons au test 2.
Pour être certifié Ok Compost Home, il faut une biodégradation en moins de 6 mois.
Ce qui se traduit par une quantité de CO2 rejetée supérieure à un seuil déterminé par la formule chimique du polymère et une masse de plastique éliminée supérieure à neuf dixième de l’emballage d’origine.
Le test de biodégradation est associé à un standard international obligatoire.
L’ISO 14855-partie 2 :
Détermination de la biodégradabilité aérobie ultime par analyse de l’évolution du CO2. Mais encore ?!
C’est à dire que l’air introduit dans le Compost est privé de CO2 de manière à mesurer facilement la quantité créée lors de la biodégradation du plastique.
Jusque là tout va bien, sauf que : Dans la norme, est précisé qu’il faut un Compost mature avec un ratio carbone/azote à 15 et un ratio carbone/phosphore à 30. Mais c’est quoi ces ratios ?! Des quantités d’atomes de carbone d’azote, ici représenté par la lettre N, et de phosphore apporté par les bio déchets jetés au Compost.Ils seront digérés par les bactéries.
Les ratios permettent de quantifier la qualité d’un Compost, c’est à dire sa richesse en azote et en phosphore, leur dosage est important pour une dégradation efficace.
Malheureusement, des épluchures de légumes, fraîchement jetés, comme on en retrouve dans le compostage maison ont un ratio carbone/azote à 25 et non 15. A l’inverse l’urine est à 0.8. Quand il n’y a pas assez d’azote, faites pipi dans votre Compost. De la même manière, si le ratio carbone/phosphore est trop bas, il est recommandé d’ajouter de l’eau superphosphatée qui est un fertilisant. Quand il n’y a pas assez de phosphore, balancez du fertilisant.
Des déjections animales et du sable marin sont aussi prescrits dans le protocole de fabrication du Compost.
Personne m’a dit qu’il fallait du caca dans mon compost !
Encore une fois, le Compost est rigoureusement retourné, arrosé et chauffé de manière constante à 58°C sur 6 mois.
Le fameux compost de haut niveau, avec sa température constante tout comme le compost industriel
Passons sur le fait que l’échantillon est broyé en poudre et donc lorsque le label insiste sur une biodégradabilité en 6 mois, cela reste peu probable pour un emballage entier…
On ne s’étonnera pas que des gens retrouvent leurs sacs entiers après les avoir compostés 1 à 3 ans. (Attention : enfouir n’est pas composter ! )
Pour que cette vidéo reste courte, nous ne parlerons pas des 3 autres tests.
Pour conclure, ces labels et leur mise en avant par le club des bioplastiques sont très certainement un gros mensonge car rien n’est précisé sur les traitements pour avoir un compost maison de haut niveau ainsi que sur les étapes de broyage de l’emballage à jeter. Un agriculteur qui prend déjà soin tous les jours de son compost pourrait peut être biodégrader correctement ses emballages en bioplastique, mais qu’en est-il du consommateur lambda et de son petit compost ou lombri-composteur qu’il utilise pour ses épluchures de légumes ?
Si vous connaissez les procédures pour porter plainte ou une réclamation auprès de l’Union Européenne ou d’un autre organisme qui serait concerné par ce sujet, merci de nous contacter. Nous aimerions que les tests effectués pour la certification soit en adéquation avec nos composts maison.
M. & Mme Recyclage 